LES BAROTRAUMATISMES
Baro (pression) et traumatismes (bobo)
Les accidents barotraumatismes sont des accidents liés à la loi de Mariotte. Ils concernent donc les accidents mettant en jeu pressions et volumes de gaz. Pour connaître les zones anatomiques qui peuvent être lieux de barotraumatismes, il suffit d'identifier celles qui peuvent contenir des gaz. Ainsi, les accidents barotraumatiques sont en nombre de six et concernent, par ordre croissant de gravité :
1 Les
yeux (placage de masque)
2
Les sinus (barotraumatisme des sinus)
3
Les dents (barotraumatisme des
dents)
4
Le système digestif (colique du scaphandrier)
5
Les oreilles (barotraumatisme de l'oreille)
6
Les poumons (la surpression pulmonaire)
Tous ces accidents ont une cause et un mécanisme communs qui sont, à un moment donné, un déséquilibre de pression entre une zone anatomique close renfermant un gaz et le milieu extérieur. Schématiquement :
à la descente, la zone anatomique concernée se trouve en sous pression par apport au milieu extérieur;
Équilibre des pression, en surface par exemple | Déséquilibre en profondeur |
à la remontée, la zone anatomique concernée se trouve en sous pression par rapport au milieu extérieur;
Équilibre des pressions en profondeur | Déséquilibre en profondeur plus faible |
1.1 - Cause
Uniquement à la descente. L'intérieur du masque se trouve en dépression par rapport au milieu ambiant.
1.2 - Symptômes
Succion des yeux, douleurs aux yeux, éclatements de capillaires oculaires, Oeil au beurre noir.
1.3 - Conduite à tenir
Souffler dans le masque par le nez. prévenir le chef de palanquée et remonter si la placage est important ou que le souffle est inopérant.
1.4 - Prévention
Souffler dans le masque par le nez régulièrement au cours de la descente.
1.5 - Remarques
Les
populations de plongeurs les plus exposées au placage de masque sont les
débutants, voire les baptisés.
L'exécution régulière de la manœuvre de Vasalva suffit généralement à
insuffler suffisamment d'air dans le masque pour compenser la dépression
relative qui existe à l'intérieur du masque.
Les sinus sont de petites cavités osseuses du crâne recouvertes (sur leur paroi interne) d'un mucus fortement vascularisé. On les trouve dans trois parties du visages : le font (sinus frontaux), entre les yeux (sinus ethmoïdaux) et les pommettes (sinus maxillaires). Ces cavités sont reliées à la sphère ORL par de petits canaux très fins (ostias).
2.1 - Causes
A la descente Une ostia bouchée cause une dépression de la cavité sinusale associée. |
A la remontée Une ostia qui s'est bouchée en cours de plongée cause une surpression de la cavité sinusale associée. |
2.2 - Symptômes
Léger saignement de nez (sans sombre) - Maux de tête frontaux et/ou de type rage de dent - Insensibilité faciale
2.3 - Conduite à tenir
A la descente : Prévenir le chef de palanquée - Se moucher - Remonter
A la remontée : Prévenir le chef de palanquée - Se moucher - Stopper la remontée et attendre que la douleur s'atténue (dans la mesure du possible...)
2.4 - Prévention
Ne pas plonger enrhumé. Se moucher avant et pendant la plongée si besoin pour "nettoyer les sinus".
2.5 - Remarques
Le rôle des sinus est d'humidifier l'air que nous respirons afin d'optimiser les échanges gazeux au niveau des poumons (qui ne se font correctement que si l'hydrométrie est maximale). Or l'air que nous respirons en plongée est complètement sec afin d'être stocké en bouteilles sans risque de pourrissement. Les sinus donc sont particulièrement sollicités au cours de notre activité et peuvent s'infecter facilement, d'ou la nécessité de la rincer avant de plonger. Tout plongeur peut-être sujet aux barotraumatismes des sinus.
3.1 - Causes
A la remontée, une carie (cavité à l'intérieur de la dent) non soignée ou une carie soignée qui présente un plombage non étanche se trouve en surpression par rapport au milieu ambiant (bouche par l'intermédiaire du détendeur qui délivre l'air à la pression ambiante).
3.2 - Symptômes
Rage de dent - Plombage qui saute - Douleur augmentant au fur et à mesure de la remontée - Fissuration puis explosion de la dent - Douleur syncopale.
3.3 - CAT
Prévenir le chef de palanquée - Stopper la remontée et attendre que la douleur s'atténue (dans la mesure du possible, il va de soi...) - Dentiste.
3.4 - Prévention
Avoir une excellente hygiène dentaire et notamment aller chez le dentiste au moins une fois par an pour une visite de contrôle. Signaler au dentiste, en cas de carie, que vous êtes plongeur et qu'il fasse donc particulièrement attention à l'étanchéité du plombage.
3.5 - Remarques
Pour mémoire, il existe un barotraumatisme des dents rarissime à la descente appelé pulpite : la pression ambiante augmente à l'intérieur de la bouche et "appuie" sur la pulpe à vif d'une dent (chicco) extrêmement abîmée ou dont un plombage aurait sauté. Il peut être la cause d'une douleur syncopale.
Attention, le barotraumatisme des dents à la remontée n'est pas pas un mythe et arrive encore trop fréquemment. Le plus souvent, il se résume à la perte d'une plombage indolore, mais celle-ci pourrait être facilement évitée en respectant les consignes de prévention.
4.1 - Cause
Exclusivement à la remontée. les gaz stomacaux et/ou intestinaux emprisonnée dans le système digestif se dilatent suite à la baisse de la pression ambiante.
4.2 - Symptômes
Maux de ventre - Spasmes intestinaux et stomacaux - Perforations intestinales (rarissime) - Douleur syncopale
4.3 - CAT
Prévenir le chez de palanquée - Stopper la remonter, voire redescendre (dans la mesure du possible...) - Tenter d'évacuer les gaz par les moyens naturels .
4.4 - Prévention
Éviter les aliments traditionnellement générateurs de gaz intestinaux et, si possible, ne pas plonger durant les périodes de digestion. Ne pas plonger si l'on souffre d'aérophagie.
4.5 - Remarques
Si l'intitulé de cet accident mentionne le scaphandrier, c'est précisément parce que cet accident concerne principalement les plongeurs professionnels. En effet, souffrir de cet accident implique que l'on est resté en immersion suffisamment longtemps pour que l'on ait pu subir, sous l'eau, un processus de digestion complet. Donc, à moins de dérèglement spécifique, il reste rare chez le plongeur loisir.
Le barotraumatisme de l'oreille
5.1 - Causes
En reliant la sphère ORL (bouche, nez...) à l'oreille moyenne, la trompe d'Eustache a pour rôle d'équilibrer la pression régnant dans ces deux zones anatomiques. La sphère ORL comme l'extérieur du Pavillon sont à la pression ambiante. Les muscles péristaphyllins agissent comme une valve anti-retour : ils ouvrent la trompe d'Eustache si la pression de l'oreille moyenne est supérieure à la pression de la sphère ORL et la ferme dans le cas contraire. On comprend alors qu'il ne se pose de problème qu'à la descente, ou la pression hydrostatique augmente et la sphère ORL se trouve alors en surpression par rapport à l'oreille moyenne. Ainsi, le tympan se déforme suite à la dépression relative entre extérieur du pavillon et oreille moyenne. le tympan est une paroi étanche qui n'est que semi-rigide, sa déformation est douloureuse et engendre les symptômes du barotraumatisme de l'oreille.
5.2 - Symptômes
Douleur aux tympans de plus en plus forte a mesure que la pression hydrostatique augmente - Déchirure du tympan pouvant entraîner une syncope - Vertiges et perte du sens de l'orientation - Noyade
5.3 - CAT
Prévenir le chef de palanquée - Remonter légèrement jusqu'à disparition de la douleur.
5.4 - Prévention
Compenser activement la pression de l'oreille moyenne par rapport à la pression hydrostatique très régulièrement et particulièrement dans les premiers mètres de la descente. Il est trop tard lorsque la douleur apparaît. De nombreuses méthodes existent : Vasalva, Frenzel, Béance tubaire volontaire (BTV), déglutition...
5.5 - Remarques
Le barotraumatisme de l'oreille est le plus courant. Même si un plongeur ne le ressent jamais car il exécute les manœuvres de compensation régulièrement, il peut malgré tout être à l'origine d'otites. Le tympan subit en effet, à toutes augmentation de pression et manœuvre de compensation, des micro-déformations et micro-déplacements qui, répétés, peuvent engendrer des micro-infections à répétition puis des otites.
Il existe un barotraumatisme rarissime et très dangereux de l'oreille à la remontée. il est lié au fait que les muscles péristaphyllins ne jouent pas bien leur rôle de valve anti-retour et restent fermés dans tous les cas. La compensation ne se fait pas automatiquement lors de la remontée.
6.1 - Cause
un blocage volontaire (apnée) ou involontire (essoufflement, panique...) de la glotte fait que l'air inspiré se trouve enfermé dans les poumons. A la remontée, cet air cherche à se dilater à l'intérieur des poumons qui ne possèdent qu'une certaine élasticité.
6.2 - Symptômes
Toux - Crachat sanglant - Difficultés respiratoires - Sensation d'oppression - Emphysème du cou (bouée d'air au niveau du cou) - Perte de sensibilité (paresthésie) - Hémiplégie (paralysie du coté du corps) - Décès
6.3 CAT
Retirer la combinaison (pour déminuer la gène ventilatoire), mettre la victime en position demi-assise (si consciente) la placer sous oxygénothérapie et prévenir ou faire prévenir les secours pour une évacuation rapide.
6.4 Prévention
Se ventiler normalement et ne jamais faire d'apnée à la remontée (et plus généralement durant la plongée). attention donc aux apnéiste qui passent à la plongée en bouteille, particulièrement lors du baptême. Attention aussi à correctement souffler lors de la Remontée Sur Expiration (exercice aux niveau 1, 2 et 4).
6.5 - Remarques
La surpression pulmonaire est le barotraumatisme le plus dangereux. les plongeur les plus exposés sont les débutants, pour deux raisons. d'une, il plongent entre 0 et 20 mètres, zone dans laquelle les variations relatives de pression sont les plus importantes et où les problèmes de surpression ont le plus de potentiel de survenir. Et deux, la cause principale de surpression est la panique suivie d'une remontée rapide. Il est clair que les plongeurs débutant sont les plus enclins à paniquer sous l'eau.